À la rencontre de Camille Hirtz (4)

À la rencontre de Camille Hirtz (4)

Camille HIRTZ

(1917-1987)

La magie de la couleur-lumière dans la quête de l’Absolu

 

Son enfance : 

« J’ai eu cette chance extraordinaire d’avoir un père incarnant pour le fils que j’étais toutes les vertus d’un vrai père, tout à la fois exigeant et libéral et celles d’un ami généreux, compréhensif et ouvert. »

Camille Hirtz n’a que 17 ans quand il perd sa mère. C’est alors que les liens entre le petit dernier et son père se sont fortement resserrés. Son père, Charles, né à Obernai est issu d’une famille aisée. Orphelin à 17 ans, il met à profit son héritage pour construire trois maisons à Cronenbourg. Il y fait prospérer une petite entreprise de peinture et de décoration. Par ses qualités humaines et sa haute conscience professionnelle, il exercera une profonde influence sur son fils. Tout en poursuivant ses études secondaires où il compte Camille Schneider comme professeur, Camille Hirtz s’initie au métier de son père pendant son temps libre.

Ses études :

Son père l’encourage à entrer à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg.

Mais il lui lance un défi pour tester sa motivation, écoute cet extrait pour le découvrir :

Il en est sorti diplômé avec la mention « très bien » ainsi que le prix de la Ville de Strasbourg. En 1939, il alla ensuite à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

La guerre :

« Ces années de guerre qui m’ont terriblement marqué »

Incorporé une première fois en 1939 il combat sur l’Oise, la Marne, la Seine et la Loire où, cité deux fois à l’ordre du régiment, la croix de guerre lui est décernée. Démobilisé en 1940, il retourne à Cronenbourg où il occupe un atelier en compagnie d’un ami sculpteur et se réinscrit à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg.

Cet épisode tellement prometteur est à son tour interrompu par l’incorporation forcée, en 1943 dans l’armée allemande. Camille Hirtz est envoyé sur le front russe, la pire des affectations!… En 1944, il s’évade et se rend aux Russes pour sauver sa vie. Mais ceux-ci ne comprenant pas la différence entre un « Malgré-nous » et un Allemand, l’internent successivement dans le camp de Karaganda, dans le Kazakhstan, puis dans le tristement célèbre camp de Tambov, jusqu’en novembre 1945, d’où il revient en piteux état.

Après la guerre, le professeur et l’artiste :

 « Même dans mon enseignement, je suis resté indépendant, respectueux de la liberté et de la responsabilité de mes élèves à qui je communiquais mon expérience et surtout les bases techniques indispensables et des ouvertures qui leurpermettaient de se trouver »

A son retour de captivité, il est nommé professeur de dessin à l’École Commerciale de Strasbourg (collège technique), puis, en 1946, professeur à l’École des Arts Décoratifs où il dispense un enseignement de haute qualité.

Son contact permanent avec les jeunes qui sollicitaient son sens de l’observation, et sonesprit créateur a fait de lui un artiste «branché». En 1968, il dirige l’atelier de peinture. Pendant ses deux dernières annéesd’enseignement, il est appelé au poste de coordinateur du «Département Art». Il accède à la retraite en 1981.

Son style :

Au fil du temps, Camille Hirtz a changé de style de peinture : Il s’est inspiré des impressionnistes ou de peintres comme Gauguin. Après 1945, il adopte un style plus expressionniste.

Puis, il réalisera des œuvres avec des formes géométriques.

Finalement, son style sera abstrait mais ce mot ne convenait pas à l’artiste, découvre comment Camille Hirtz le nommait en écoutant cet extrait :

Les formes mouvantes et colorées expriment les états d’âme et les émotions pures. Camille Hirtz était aussi un grand poète et il estimait que les mots, les couleurs, les idées et les formes ne sont qu’un même univers.

 «L’art abstrait est une manière de fuir un réel non gratifiant vers un imaginaire qui apaise.»

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Matthieu MARCINKOWSKI